Pigeon-Vole

La "paraparésie de ponte"

Il s'agit d'une parésie d'apparition brutale des membres postérieurs sur certaines femelles en ponte.
Cette parésie est réversible si des mesures adéquates sont prises, et quelquefois spontanément, après un temps de réaction et d'adaptation de l'organisme car elle est de nature fonctionnelle. Elle est due à deux éléments:
-Une inflammation/compression des racines sacrées des nerfs fémoraux et cruraux liée au passage et à la stagnation dans l'oviducte d'un oeuf un peu plus volumineux, notamment en début de saison ou sur de jeunes pigeonnes.
-Une chute rapide de la calcémie et de la magnésiémie qui sont deux éléments cruciaux impliqués dans la transmission de l'influx neuromusculaire. Cette chute peut être liée à un état pseudo carenciel de l'oiseau, (pour diverses raisons), associé à la fixation de ces éléments dans la chambre coquillère pour la formation terminale de la coquille, ainsi qu'à une consommation brutale des formes solubles de calcium et du magnésium transportées dans le sang. Cette consommation accrue est due à la sécrétion préparatoire des glandes à "lait de pigeon" situées dans le jabot, ce "lait" étant très riche en ces deux minéraux (entre autres).
D'autre part, les contractions des fibres lisses des portions terminales de l'oviducte consomment enormément d'énergie et de ces deux éléments minéraux sous leur forme soluble, lors de la ponte, ce qui induit une chute rapide de leur taux sanguin si les réserves ne sont pas suffisantes.
Pour exemple, ce syndrome est à rapprocher de celui de la "fièvre vitulaire" de la vache laitière qui produit des symptômes comparables dans des circonstances analogues pour ceux qui connaîssent cette pathologie.

En ce qui concerne le traitement, il faut tout d'abord s'assurer du diagnostic dont les circonstances sont tout de même assez typiques. Le fait de porter ce diagnostic ne présume en rien de la présence ou de l'absence de problèmes infectieux associés, mais en l'occurence, le Baytril ne te sera d'aucun secours dans ce cas précis.

Il faut vérifier par palpation abdominale douce qu'aucun oeuf engagé n'est "coincé" dans l'oviducte.
Si c'est le cas, injecter à l'aide d'une seringue (sans aiguille...) 3 ml d'huile légèrement chaude dans le cloaque et placer la pigeonne dans un panier au fond à claire voie et posé à 20cm au dessus d'une casserolle d'eau trés chaude pendant 30 minutes, le tout recouvert d'un linge. (sans l'ébouillanter, merci).
Il faut dans ce cas injecter 0,1 unité d'ocytocine en IM après avoir administré les éléments cités plus bas.

Si les deux oeufs ont été pondus, pour rétablir les fonctions neuromusculaires et calmer l'inflammation, on administrera dans l'eau de boisson ou on fera boire à la seringue 10 ml du mélange suivant matin et soir:
-de l'Aspégic 50: 1 sachet
-1 ampoule de gluconate de calcium
-1 ampoule de magnésium organique (Mag2)
le tout dans 250 ml d'eau conservés dans une bouteille.
La pigeonne devrait remarcher assez rapidement dans les 72h.
Il est également possible d'administrer ces éléments sous forme injectable (0,25ml de Calphone en SC, matin et soir 5 jours par exemple), ce qui est plus efficace.
Il est clair que si ce trouble touche divers oiseaux et notamment autres que des femelles en ponte, il faut revoir le diagnostic, un certain nombre d'autres pathologies pouvant produire des symptômes analogues.
Si plusieurs femelles de l'élevage sont touchées, il faut revoir l'alimentation et les conditions d'entretien. Si la même femelle a ce problème à chaque ponte, il est préférable de ne pas la conserver. Si c'est un sujet de vol de valeur, on peut stopper son cycle de ponte artificiellement le temps qu'on veut.

Thierry Roy